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Après nous le déluge # 2 : le roman

« contrairement à la musique ou au cinéma, où les aléas techniques, logistiques, économiques sont nombreux, la littérature se pratique avec trois fois rien. L'imaginaire n'a aucune limite. Si j'ai besoin d'un monde ravagé par les eaux, de la tempête du siècle, ou de centaines de figurants, je n'ai pas à demander l'aval d'un producteur : j'écris. » - Yvan Robin

Ce jour-là, le soleil ne s'est pas levé. Il n'y aura plus de soir, il n'y aura plus de matin, nous sommes au premier jour. Déjà le ciel verse sur la terre qui disparaît sous les eaux. Les hommes qui ne sont pas emportés par les crues sont jetés sur les routes.

Sidéré de cette lumière qui refuse de venir, chacun est gagné de panique et tâche de rejoindre les siens, toutes affaires cessantes. Feu de bois, jeune garçon débrouillard, quitte l'école avec sa camarade Dalila. De son côté, le père rejoint l'attelage d'un voisin. Et les voilà chacun s'échinant à rallier un refuge, alors que le monde, méticuleusement, se détricote.

Le pire reste à venir. Nos deux protagonistes sont ballottés d'île en île, tantôt une éolienne, tantôt une église, un pont, un bateau. La lumière manque, et le monde se dissout. Pour viatique, Feu de bois a dans la tête le souvenir de sa mère, disparue brutalement quelques années auparavant, et les poèmes désespérés que son père écrivait sur la décadence sociale.

Chahuté par les éléments qui se déchaînent, le père quant à lui s'accroche soudain à une vie à laquelle il ne croyait plus. Aux yeux de Lilu aussi, éphémère lumière d'infortune, et de son Kamishibaï, son théâtre d'ombres, qu'elle tente vaille que vaille de sauver du massacre.

Le récit, et la poésie, seuls réchappent au désastre. Ce sont eux qui tiennent Feu de bois et son père debout lorsque le sol se dérobe, ce sont eux qui donnent suffisamment de clarté au lecteur pour avancer dans cette nuit qui ne finit pas de se creuser.

 « je poursuis mon travail sur la forme, en mêlant les genres : le roman intègre des pamphlets, des chansons, des poèmes, des prières »

 Car de cette apocalypse, Yvan Robin déploie le récit mythique. L'écriture est solennelle, d'une grandiloquence et d'une emphase totalement assumées par un procédé subtil – je ne dis rien, vous verrez, c'est bluffant, audacieux. Et pourtant, ça bouge, ça tangue, l'action s'invite à chaque paragraphe, c'est Ulysse triomphant d'un péril pour être jeté dans le suivant par le caprice des dieux, ce sont des cahots dans ce roman non carrossable, ils ne nous laissent pas de répit, sinon celui de la langue, parce que l'écriture est tramée de mots rares, d'images fulgurantes, un linge frais sur la brûlure. Autrement dit, la beauté.

C'est une épopée brutale et poétique où la terre et les hommes ne sont jamais aussi beaux qu'au cœur de la défaite. Parution le 21 septembre 21. Voir le livre.

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